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5 mars 2010

Les îles ont sombré

TEMPÊTE XYNTHIA. Nées des flots, les îles de l'estuaire ont été submergées dimanche dernier

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Si les toits ont tenu, le matériel, les bâtiments et les sols ont beaucoup souffert de Xynthia : le triste constat fait par le patron de l'exploitation Jean-Jacques Reygades. (photos s. v.)

On avait constaté les dégâts à terre dès dimanche. Sur les îles, il a fallu attendre le début de la semaine pour comprendre que ces navires ancrés au milieu de l'estuaire avaient eux aussi été durement éprouvés. Que ce soient les 250 ha de Pâtiras, où des résidents anglais avaient dû être évacués. Ou encore l'île Nouvelle et ses ambitions de « renaturation ».

Lundi, des pompiers-plongeurs avaient dû intervenir, à la demande du Conseil général (1), pour libérer des pelles sur des écluses encore sous les eaux. Et qui, fermées, empêchaient tout retrait de l'inondation.

Et bien sûr l'île Verte, remise en culture sur plus de 500 ha depuis quelques années, et recouverte dimanche par près de deux mètres d'eau sur 90 % de sa surface.

Un coup de fil, dimanche...

Là, la réalité s'est vraiment dévoilée mardi et mercredi. Évacués en fin de semaine dernière, dès l'annonce de ce coup de tabac, les salariés de la SCEA Atlantide, exploitant l'île, n'avaient rien vu. Patron de l'exploitation, Jean-Jacques Reygade se trouvait à Paris, au Salon de l'agriculture, pour présenter les productions maraîchères de l'île, lorsqu'un coup de fil l'a prévenu...

« Les digues ont cédé dimanche matin », explique Jean-Jacques Reygades. À bord de son bateau il a fait le tour du propriétaire, et dénombré pas moins de cinq brèches sur les 29 km de digues censées protéger l'île ! Minées par les coups de boutoir des vagues levées par le vent, les rives se sont effondrées.

Et l'eau s'est engouffrée, au plus haut de la marée, remplissant l'île et ses « casiers » cultivés, jusque-là drainés par des fossés où l'entrée et la sortie des eaux étaient contrôlées par des écluses.

Un bateau qui coule... Telle était l'image que donnait l'île Verte mercredi encore.

Ce matin-là, les vignes disparaissaient sous 1,50 m d'eau. Dans les bâtiments, les traces humides atteignaient 1,70 m. Un lac glauque s'étalait là où de jeunes fèves poussaient la veille encore. Quant aux 3 000 m2 de serres, ils étaient dévastés. « On devait bientôt planter les pieds de tomates », se désolait Jean-Jacques Reygades, entre résignation et révolte.

La volonté de continuer

« On a tout perdu, ou presque. Le matériel et le gros tracteur juste sorti de la révision, dont l'électronique n'a pas résisté au bain de boue. Des pompes. Des produits. Quant au chai, on n'a pas pu encore évaluer les dégradations. Le vin est dans les cuves. Mais on ne peut accéder à l'intérieur du bâtiment. On a essayé d'y aller en canot, mais c'était trop dangereux. »

Un instant découragé et prêt à mettre la clé sous la porte, le gérant de l'exploitation a très vite réagi. Pour la douzaine de salariés qui avaient trouvé là un emploi stable, et qui étaient légitimement inquiets. Et grâce au soutien des actionnaires de la SCEA Atlantide, qui ont confirmé à Jean-Jacques Reygades leur volonté de poursuivre le travail entrepris.

« Voilà, tout est à recommencer, lâchait-il mercredi la mine sombre et l'oeil noir. Mais on va le faire. Je ne sais pas comment, car la saison avance. Mais on va le faire... »

Vider l'île

Nettoyer... Assécher... Brûler les débris... Refaire les pistes... Redresser les serres et préparer la terre pour les semis et les plantations à venir, s'il en est encore temps... Finir de tailler la vigne... Réparer les digues... Honorer les commandes, et poursuivre les projets, tel que celui de la restauration et de la rénovation de l'une des maisons du village pour pouvoir accueillir du public, et loger sur place quelques salariés... « J'avais signé les devis la semaine dernière », souffle J.-J. Reygades...

En attendant, il s'agissait cette semaine de... vider l'île ! Et avec la pelle mécanique, acheminée à bord de la barge de l'exploitation, on a ouvert de nouvelles brèches dans les digues pour libérer le flot le plus vite possible. Il faudra très vite tout refermer. De nouveaux gros coefficients de marée sont annoncés au printemps.

« Pour l'instant, je suis bien incapable de dire quel est le montant du préjudice, avoue le patron. Mais on va repartir. Et je vais même embaucher. »

(1) Le Conseil général est gestionnaire de l'île et du programme de renaturation de cette île, qui est la propriété du Conservatoire du littoral, établissement public fondé en 1975.

Auteur : sylvain viaut

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