Déjà 42 ans
Dieu que le temps passe vite. Pour tant cela fait bien 42 ans que pour la première fois je foulais le sol naujacais. Une succession de coïncidences ont fait que libéré de mes obligations militaires, j’ai eu la chance de pouvoir pratiquer le métier pour lequel j’avais fait 5 ans d’apprentissage : horloger-pendulier, employé par la CUB. Rapidement en haut de l’échelle salariale, je pus me payer ma première voiture, PL 17 flambant neuve, le phénomène peut sembler banal mais à l’époque n°3 d’une famille de 11 enfants ce fut un événement d’autant qu’afin de nous donner un métier à tous, papa n’avait jamais voulu se payer de voiture. Celui-ci avait un collègue, Ramon (sans véhicule non plus) qui me proposa d’aller chercher des champignons. J’avais entendu parler des cèpes, girolles, mais trop chers pour nous, cela nous était inconnu…et l’aventure, la belle aventure allait commencer. Ramon connaissait Naujac car depuis des années il faisait les vendanges dans la région. Chemin faisant je fis le chauffeur et Ramon me fit découvrir Naujac et ses bois. Ce fut merveilleux, ce contact avec la nature, j’appris à pénétrer et ressortir d’un bois sans laisser la moindre trace de notre passage. Que c’était beau de le voir évoluer, la crosse de sa canne vers le bas, il dépeignait les grandes herbes comme s’il avait passé ses doigts dans la chevelure d’une jolie femme, il m’apprit à faire la différence des parfums du sous-bois, l’odeur de l’humus, des fougères, écouter le chant du vent dans les grands arbres, reconnaître les coins humides à la couleur du feuillage environnemental…et enfin la découverte des premiers champignons. Cela dura quelques années, mais pour faire court, lors de ce qui fut ma dernière sortie avec mon cher Ramon, celui-ci plus qu’un ami me fit la promesse qu’à la prochaine sortie il me ferait découvrir un coin… à truffes…et oui chers amis, il y a de la truffe dans le Médoc. L’histoire finit tristement car quelques jours plus tard, rentré à l’hôpital, mon ami n’en ressortit pas vivant. Je ne vous dis pas mon chagrin, Ramon était un second père pour moi, ce véritable écolo, amoureux de la nature m’avait communiqué son virus.
Nous continuâmes à venir en famille et là, nous fimes connaissance des premiers naujacais, entre autre le grand-père Bignolles sur son solex, qui lui aussi nous fit découvrir de nouveaux bois, après avoir partagé le dessert et un canon de rouge…comme c’était sympa. Voilà chers amis pourquoi aujourd’hui je puis vous garantir être naujacais de cœur.
La retraite venue, j’exauçais notre vœux avec Eliane mon épouse. Nous revenions aux sources du bonheur en faisant construire à Naujac, malheureusement pour nous cela ne s’est pas bien passé, truandés, abusés, c’est nous qui avons fait la maison, mais pour cela en plus du soutient des voisins exceptionnels, nous avons été entendus, guidés, conseillés par un homme simple, généreux, c’était monsieur le Maire, mis au courant de l’escroquerie dont nous avions été victimes, nous faisions enfin connaissance avec Bernard AMOUROUX.
Ce capitaine qui avait su rester à la barre de ce grand bateau nommé Naujac, car j’ai connu toutes les tempêtes qu’il avait eu à traverser. J’ai pleuré quand j’ai vu mourir Saint-Isidore, la plage…ma plage souillée par la marée noire et enfin 99, sans commentaire, j’ai partagé votre peine, votre naufrage pour certains, et pourtant silencieusement, sereinement, toujours à la barre, le capitaine est toujours présent. Nous voici en période électorale et une autre tempête s’est levée, de tristes oiseaux survolent le bateau, des corbeaux sans cervelle bien connus dans le village qui n’attendent, tels des charognards qu’un nouveau naufrage se produise.
Bernard m’avait déjà sollicité pour refaire la pendule du village, et il y a peu de temps, monsieur le Maire m’a demandé de l’accompagner pour un nouveau mandat.
En reconnaissance pour tout ce que Naujac nous a apporté comme bonheur, je pense avoir le devoir d’apporte ma contribution au développement de ce village que nous aimons tant, voir la renaissance de Saint-Isidore et le grand et généreux programme de Bernard AMOUROUX. Naujacaises, Naujacais, faites nous confiance. Le meilleur est à venir pour vous et notre village, puisque « Naujac c’est vous » et de bien comprendre que si Naujac était en si mauvais état, comme certains veulent le faire croire, s’ils cherchent à prendre à tout prix les commandes de ce beau navire, c’est qu’il n’est pas aussi délabré qu’ils le font croire. Je vous laisse le soin de dénommer ce genre d’individus. A leur place et compte tenu de la description qu’ils font de Naujac, j’aurais sans aucun doute fait dix kilomètres de plus ou de moins mais je ne serai pas resté sur ce site.
Certes tout n’est pas parfait, Bernard n’a pas d’auréole sur la tête, mais il est courageux, il veut encore mieux faire et avec cette nouvelle équipe vous ne pourrez, pour vous, vos enfants et petits enfants, qu’être fiers de votre choix, ce que nous allons faire avec vous sera beau, réalisable et là, vous aurez compris que vraiment :
NAUJAC C’EST VOUS !!!
Claude LECART