Tribunal administratif et justice expéditive ... contre Natura 2000 ...
PROJET ÉOLIEN. Les opposants au projet de parc sur la Butte des Moindreaux contestent la décision du tribunal administratif
Réagissant au feu vert donné récemment par le Tribunal administratif de Poitiers au projet de parc éolien sur la butte des Moindreaux (Saint-Jean-de-Liversay, Ferrières, Saint-Cyr-du-Doret), le président de l'Association pour le développement durable de la vallée du Curé (ADDVC), Philippe Breton s'insurge.
« Sud Ouest ».
Vous contestez la façon dont le tribunal administratif a cassé l'arrêté préfectoral défavorable au projet éolien des Moindreaux.
Philippe Breton. Le préfet avait émis un avis défavorable sur ce projet pour des motifs émanant de services ou associations dont la réputation de sérieux ne peut être mise en doute comme la DDE (Direction départementale de l'environnement), la Ddass (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales), l'armée de l'air...
Or, le rapporteur public, M. Lemoine a déclaré au tribunal, « que les préfets successifs s'opposent systématiquement à tous les projets avec des arguties qui ne trompent personne » pour des « motifs inavouables ». Résumer les avis défavorables de ces services sous le terme d'« arguties » est scandaleux.
De plus, M. Lemoine évoque nos paysages comme « sans intérêts particuliers », une plaine « banale et tristounette ». Mais alors, pourquoi avons-nous été classés en Natura 2000 ? En face, l'avis préfectoral n'a été défendu que mollement par une représentante du préfet. Ce n'est pas conforme à l'idée qu'un citoyen peut se faire de la justice, serait-elle administrative.
Selon vous, le volet éolien du Grenelle de l'environnement risque de défigurer le paysage de notre département.
Pourquoi ?
Le gouvernement annonce des objectifs de développement éolien audacieux. Rien que pour notre région, cela donnerait 130 à 150 éoliennes à l'horizon 2020. Pour la Charente-Maritime, il s'agit de 90 projets, dont 53 en cours. Les industriels ont obtenu un prix de rachat de 8,3 centimes d'euros KW alors qu'EDF ne le revend au particulier que 4,72 centimes d'euros à 8,39 centimes d'euros. Mais qu'en sera-t-il quand ce prix imposé sera supprimé ? Aujourd'hui, face à une soi-disant urgence du réchauffement, l'État a tendance à se ruer sur une solution simpliste, sans conscience des conséquences à long terme sur nos paysages et notre vie.
Actuellement, les jugements expéditifs du tribunal administratif ne sont-ils pas une façon de réactiver des permis anciens exonérés des préconisations de concertation du Grenelle 2 et non assujettis aux contraintes des ZDE (Zone de développement économique) ?
Le projet des Moindreaux vous révolte particulièrement.
Pourquoi ?
La bataille semblerait perdue contre ce projet-là. Mais, il nous reste à convaincre les maires des communes des dangers du projet. L'Académie des sciences vient de préconiser l'installation des éoliennes à 1 500 mètres minimum des habitations au lieu des 900 mètres préconisés jusque-là. Or, le projet des Moindreaux se situe entre 650 mètres et 840 mètres des maisons pour six machines sur neuf. De plus, on sait maintenant que, techniquement, si le pas variable d'une hélice éolienne tombe en panne, les projections des pales peuvent atteindre les habitations à des centaines de mètres. Comment un élu peut-il accorder un permis de construire en toute conscience, à moins de 1 500 mètres alors que l'accident est possible ?
L'ADDVC demande à ce que la concertation soit plus large, que la distance des 1 500 mètres soit respectée, que le tribunal administratif cesse sa justice expéditive, que les maires des communes annoncent clairement qu'ils assument les risques pour leur population.